La solution passe par un nouveau modèle économique: le revenu minimum. Dans le documentaire « Liberté, égalité, indemnités – Vers un revenu universel ? », on découvre que ce concept est la clé d’une nouvelle ère.
Ce n’est pas comme si nous n’avions jamais entendu parler du revenu universel ou revenu minimum nécessaire. Ce concept de donner à chacun un revenu minimum suffisant pour vivre, sans conditions, n’est pas méconnu. Il est traité depuis longtemps par nombre d’économistes, mais il souffre d’associations négatives qui lui collent à la peau.
Société d’assistés, ruine de l’économie, notion de travail, lutte des classes, utopisme, voir amalgame avec des mouvances d’extrêmes gauches… Les préjugés sont nombreux concernant ce modèle économique. Voilà pourquoi il est urgent de balayer ces idées préconçues et de s’ouvrir véritablement à cette réflexion en regardant cet excellent documentaire de Christian Tod qui pourrait vous surprendre.
Liberté, égalité, indemnités – Vers un revenu universel ?
Économistes, politologues, spécialistes du marché financier, philosophe, sociologues, entrepreneurs, ils témoignent tous du bien-fondé de ce modèle. Libéralisation, responsabilisation, développement de l’être humain, modernisation de la société et de la démocratie, équité et fin de la pauvreté voilà ce que serait capable d’apporter ce revenu minimum ! Rien que ça !
Ces spécialistes donnent des réponses claires sur chacun des préjugés bien implantés dans l’inconscient collectif.
« Ce n’est pas viable économiquement »
On pourrait croire que de verser un revenu minimum à chacun n’est juste pas possible financièrement parlant, et bien c’est faux. Il a été calculé que l’État américain pourrait reverser 25 000 dollars par an et par personne uniquement en imposant à hauteur de 0.45% chacune des transactions effectuées sur les marchés financiers. Au travers de cet exemple, on prend conscience que c’est donc tout à fait possible et uniquement une question de volonté politique.
« Plus personne ne ferait plus rien, ce serait la fin de l’économie »
Libérer les gens du travail de « survie », ne signifie pas qu’ils vont arrêter de faire quoique ce soit. Au contraire, sécurisés par ce revenu, ils dépassent cette contrainte basique de survie et passent à un développement actif plus créatif, plus entreprenant, plus épanouissant.
Dans le documentaire ils prennent l’exemple des gagnants du loto, si une minorité d’entre eux décident de ne plus rien faire, la grande majorité est plus active et créative que jamais. Ils créent des entreprises, des services, s’investissent dans l’entre-aide associatif. Ils sont ouverts au monde et aux autres. Tout le contraire de la société actuelle qui monte les gens les uns contre les autres, développe l’individualisme, le repli sur soi et renforce le faussé des inégalités.
En Namibie, un village bénéficie de ce système, chaque habitant touche un revenu minimum. Les résultats parlent d’eux-mêmes : en quelques années, l’activité a augmenté de 18% et le revenu global de chacun a doublé grâce aux initiatives et investissements réalisés par les habitants. Les habitants investissent dans l’éducation de leurs enfants, dans l’achat d’outils créateurs de valeur, tout ça de manière créative et libre. Ils expriment leurs talents et se développent dans le meilleur de ce que peut être l’être humain. L’économie en bénéficie également grâce à l’augmentation de leur pouvoir d’achat.
Il est faux de penser que les gens sont des fainéants qui arrêteraient toutes activités s’ils n’avaient pas à travailler pour se nourrir.
L’économie fonctionnerait toujours, les gens travailleraient toujours, mais différemment. Il n’y aurait plus de dominant-dominé, juste des personnes actrices de leur vie plus créatives, dynamiques et heureuses sur un même pied d’égalité.
« Choisissez un travail que vous aimez et vous n’aurez pas à travailler un seul jour de votre vie. »
Confucius
Vous payez déjà un revenu minimum
Allocations chômage, allocations familiales, CMU, minimum vieillesse… Nous cotisons tous déjà pour tout ça. Au final le revenu minimum nous le finançons déjà ! Il s’agit juste d’une nouvelle répartition, d’une nouvelle création de valeurs. Sortir d’un modèle d’assistanat individuel pour entrer dans une responsabilisation collective. Chacun aurait la responsabilité de ces choix.
Pourquoi cela n’arrive pas à aboutir
La fin de la pauvreté, plus d’équité, un modèle économiquement viable, mais alors pourquoi le revenu minimum n’est-il pas mis en place ?
La réponse est aussi basique qu’effrayante : les riches et les états n’ont aucun intérêt à ce que cela aboutisse. Ils gardent ainsi leur position dominante. Il est plus facile d’exploiter, de contrôler des personnes anesthésiées par la nécessité de survie.
C’est pourtant bien bête et surtout malsain de penser ainsi. Le revenu minimum ne le retirerait pas leur richesse, il y aurait juste des riches et des moins riches à la place du modèle actuel des riches et des pauvres.
Il ne faudrait pas oublier que la quasi-totalité des personnes aisées le sont par transmission, soit parceque leurs parents leur ont transmis des biens, soit parcequ’ils leurs ont transmis une bonne éducation. Le self-made-man est un cas très isolé. On ne choisit pas où ni dans quel milieu on naît. La vraie injustice est là.
Il est grand temps que les États reprennent leur rôle de régulateur au lieu de se désengager toujours plus au profit des marchés financiers. Les vrais créateurs de valeur ce sont les êtres humains et non les banques ou la bourse.
Lorsque l’on regarde les inventions, les progrès énormes qui ont été faits au 20ème siècle, et la relative stagnation actuelle dans une société qui ne fait que développer des acquis on ne peut que se poser des questions. Il serait temps de remettre en question le modèle actuel et de prendre des décisions courageuses, modernes et progressistes.
La fin des clivages trop marqués sonnerait le retour de l’entre aide et d’une meilleure vie ensemble. L’être humain serait capable de tellement plus s’il arrivait à passer cette marche et à se libérer ainsi de sa condition de base.