C’est ainsi que pourrait se transformer le célèbre proverbe « le mieux est l’ennemi du bien ». Car aujourd’hui, dans nos sociétés « modernes » nous sommes fasse à un phénomène grandissant : l’abondance.
L’abondance de bien, l’abondance de services, l’abondance de choix et possibilités en tous genres ! Concrètement nous avons dépassé le temps de la vie simple avec uniquement le nécessaire pour passer dans une période d’explosion de propositions en biens superficiels. Personnellement je n’ai rien contre ça, j’adore les nouvelles technologies et je suis la première à être curieuse de tout ! Mais cette profusion est accompagnée d’importants effets pervers qui ont un impact plus important que l’on ne pourrait l’imaginer.
Frustration et insatisfaction chronique
Avec les médias et le web, la planète entière est au courant de tout ce qu’il existe comme bien de consommation et de services. Si le nombre de ces biens est considérable, le nombre de personnes pouvant se les procurer est loin de l’être. Selon un rapport de l’ONG Oxfam, en 2017, 1% de la population détient 82% des richesses. Une répartition inégalitaire très alarmante, car le fossé se creuse de plus en plus entre les plus riches et les plus pauvres.
Il y a donc un énorme décalage entre ce que montrent les médias qui poussent toujours plus à consommer et la capacité pour la majorité de la population à pouvoir à y avoir accès. Le sentiment de frustration est donc inévitable. On achète, on achète, mais il y a toujours quelque chose que l’on veut en plus ou quelque chose que l’on ne peut pas se payer, mais auquel on aspire. C’est une course folle qui ne s’arrête jamais. Les réseaux sociaux ont d’autant plus fait enfler ce sentiment de frustration : on passe son temps à regarder la « vie de rêve » des autres qui l’exhibent en permanence.
Nos sociétés souffrent d’insatisfaction chronique par excès de biens et de choix.
Je vais vous dire quelque chose qui va paraître un peu bateau : « l’argent ne fait pas le bonheur ». Vous connaissez la suite : « mais il y contribue… ». C’est un peu un raccourci, mais finalement c’est bien vrai. Me concernant je dirais que l’argent est un formidable moyen de disposer de son temps et de retirer cette insécurité financière qui nous pèse. Mais si l’on se sert de l’argent pour collectionner les biens matériels, alors le bonheur, le vrai, ne sera pas au rendez-vous.
Nous sommes ainsi faits : plus nous possédons, moins nous portons d’intérêt et ne mettons d’affect dans nos biens. Plus nous avons de choix, moins nous avons de satisfaction avec le choix fait. C’est psychologique, rien à faire contre ça ! Des scientifiques se sont penchés sur la question, voyant augmenter de façon corrélative les taux de dépression avec le développement de la société de consommation.
Lorsque vous achetez quelque chose, la notion de plaisir dû à cet achat est très courte, d’autant plus si vous n’avez pas eu à attendre longtemps avant de l’avoir et si vous possédez déjà beaucoup. Vous passez rapidement à un autre « besoin » d’acheter autre chose. La création de nouveaux besoins est infinie. Il n’y a pas de fin.
Si vous avez le choix entre 2 modèles de voitures, vous serez très satisfait de votre choix entre les 2. Alors que si vous avez le choix entre 10 modèles, votre niveau de satisfaction sera d’autant plus faible. On croit qu’avoir un choix élargi est une bonne chose alors que c’est tout le contraire. La multitude de choix crée du stress, des doutes, des regrets, des frustrations…
Au final, ces biens finissent même par nous peser psychologiquement et financièrement, car il faut les assurer, les stocker, les entretenir… On devient vite esclave de nos possessions.
Avant les choses avaient une histoire, une signification, une importance, on en prenait soin et on éprouvait de la reconnaissance pour le service qu’elles nous rendaient. Lorsque vous parlez de cela avec les générations qui nous ont précédées, elles racontent qu’elles avaient une vie simple, mais qu’elles étaient heureuses, qu’un rien leur faisait plaisir.
Aujourd’hui en se créant des besoins, en ne voulant manquer de rien on finit par être blasé de tout, par ne plus rien ressentir et ne donner de l’importance qu’aux choses que l’on n’a pas. Il suffit de voir les enfants d’aujourd’hui qui croulent sous les cadeaux qui veulent toujours plus sans donner plus d’importance à rien. Mais nous aussi, adultes responsables, nous sommes victimes de la société de consommation. Nos placards ne sont-ils pas pleins d’objets dont nous n’avons pas l’utilité ?
Nous n’avons pas besoin de tant de biens pour vivre et surtout pour être heureux. Sans rentrer dans un discours extrémiste qui remettrait tout en cause, c’est la mesure que nous devons retrouver.
Passez à l’action
L’accumulation pèse vraiment sur notre psyché, commencez par faire un tri pièce par pièce en vous posant la question de l’utilisation que vous faites de chaque chose. Au final on se sert toujours des mêmes choses. Triez, jetez, rangez pour vous libérer !
Posez-vous la question de l’utilité et rappelez-vous cette phrase : « le trop est l’ennemi du bien » avant chaque nouvel achat.
Ne remplacez pas des objets alors qu’ils fonctionnent encore. Les marques trouveront toujours de nouvelles « innovations » afin de vous faire consommer plus. Soyez conscient des stratégies commerciales qui poussent à consommer (mailing, soldes…).
À la place d’offrir des objets matériels comme cadeaux, offrez des moments de partage (lire l’article « Ne faites plus de cadeaux« ).
Il est vrai qu’à trop en faire on peut se fatiguer tant mentalement que physiquement. Il faut savoir dire stop au bon moment.