Le commerce équitable ne serait pas si équitable que cela et surtout pas pour tout le monde.
C’est la démonstration qui est faite dans le documentaire de Donatien Lemaître qui vient d’être diffusé sur ARTE : « Le business du commerce équitable ».
Le commerce équitable est organisé par des labels qui sont très connus maintenant, comme Max Havelaar ou Rainforest Alliance (commerce éthique). Vous trouvez leurs logos sur le café, le thé, le chocolat, les bananes…
Le principe de base est d’aider les petits producteurs du monde entier à être convenablement rémunérés pour leur production afin que chaque maillon de la chaîne y trouve son compte. C’est le commerce équitable.
Si le principe de base est louable, il a vraisemblablement subi d’importantes dérives. Car c’était sans compter sur l’appât du gain de certains gérants de coopératives ou des producteurs eux-mêmes. Et bien entendu, les grands groupes de l’industrie agroalimentaire ont eux aussi voulu faire mainmise sur ces labels.
En effet, comme les labels commerce équitable ont la cote, le business marche bien. Cela pourrait être une très bonne chose si le principe de reverser un salaire décent à chaque travailleur était respecté. Mais les salaires équitables s’arrêtent au niveau des producteurs. Ces producteurs n’ont plus rien à voir avec des petits producteurs qui font tous eux-mêmes. Ils sont devenus des gérants qui emploie des ouvriers pour travailler dans sur leurs terres. Et c’est là que le bât blesse, ces ouvriers sont des travailleurs sans-papiers qui sont payer une misère et qui vivent dans des bidons villes juste à côté des plantations. Autant dire que l’on n’est pas loin de l’esclavagisme.
Dans le reportage ont voit ces producteurs sans scrupules, mais aussi les gérants de coopératives (des Hollandais venus faire du business en République dominicaine) qui vivent dans des somptueuses demeures et touchent un maximum d’argent sur le dos de ces ouvriers exploités. Du commerce équitable…
Plus choquant encore, le documentaire nous fait découvrir les milliers d’hectares de champs de thé au Kenya, labélisés équitable, et qui appartiennent au groupe agroalimentaire Unilever.
On pourrait se demander que fait un mastodonte comme Unilever dans le commerce équitable. Pour info, Unilever c’est plus de 50 milliards de chiffre d’affaires et plus de 400 marques comme Alsa, Amora, Knorr, Maille, Lipton, Cajoline, Sun, Cif, Carte d’Or, Miko, Dove, Timotei, …
Oui, mais Unilever aussi il veut son label équitable sur ses thés Lipton. Alors pour dresser le tableau : il achète une partie de l’Afrique, et se sert des Africains comme des esclaves. Les traits sont un peu tirés, mais je vous assure qu’on y est presque.
À côté de leurs 14 000 hectares de champs de thé, Unilever a construit un camp pour les travailleurs. Ce camp est composé de maisons dans lesquelles s’entasse les travailleurs, et de bâtiments de type espace télé, hôpital, école, épicerie … En faite, tout pour que les travailleurs ne sortent jamais du camp.
Et c’est là qu’est le vice, on pourrait croire que c’est génial de vivre dans ces camps, mais l’intention est bien de les rendre complètement dépendants et par la même occasion de leur lobotomiser le cerveau. Car génie ou plutôt vice absolu du marketing, toutes les maisons des travailleurs sont peintes avec les logos des marques d’Unilever. Vous avez la « maison OMO », la « maison Knorr », et ce n’est pas un logo discret, mais toute la maison qui est aux couleurs de la marque. Et devinez quels sont les produits qui sont à vendre dans l’épicerie du camp… Les produits Unilever bien sûr ! Ce qu’Unilever leur paie comme salaire de misère, Unilever le récupère en loyers et en vente de leurs produits.
Si ça ce n’est pas de l’esclavage masqué…
Les travailleurs ne savent plus vivre en dehors des camps et ont même peur d’en être chassés. Les discriminations en fonction des tribus sont la règle et les femmes sont harcelées et violées par les contremaîtres au quotidien.
Ce massacre psychologique est orchestré de main de maître par Unilever. Mais on sait déjà que les géants de l’agroalimentaire agissent sans fois ni lois, la révélation se trouve dans l’implication et la connivence des labels du commerce équitable.
Le label Rainforest alliance protège les arbres, mais pas les êtres humains ?! Alors, gardez à l’esprit que lorsque vous achetez un produit avec ce label, vous avez l’assurance que l’environnement a été préservé, mais aussi l’assurance que des ouvrières ont été violées.
Encore une fois, on manipule les consommateurs. On leur fait croire qu’acheter un label de commerce équitable est une action citoyenne. Que l’on consomme donc avec bonne conscience.
Mais même le commerce équitable nous mène en bateau.
Je ne sais pas ce qui me choque le plus :
Qu’on nous prenne pour des cons (encore et toujours),
D’avoir cru que quelque chose de commercial pouvait avoir un bon fond,
De penser que peut-être que sans les labels, ce serait encore pire pour ces travailleurs,
De savoir que même en ayant connaissance de ça, on continuera à consommer des produits issus de l’agroalimentaire,
Que le sujet aussitôt médiatisé sera oublié,
De penser que de toute manière c’est pour tout pareil,
De penser que malheureusement on ne peut pas faire grand-chose…
Alors même s’il semble peu probable qu’il y ai un boycott des produits de l’industrie agroalimentaire, la meilleure chose est de limiter leur consommation. De toute façon comme c’est de la merde, c’est une raison de plus de ne pas les acheter.
Et comme la connaissance vaut mieux que l’ignorance, regardez ce documentaire sur nemesistv et parlez-en autour de vous.
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Merci pour l article
J’ai vu ce reportage et c’est bien triste de découvrir de tels agissements 🙁 Au final, ce n’est qu’un scandale de plus, la générosité des gens qui pensaient agir bien une fois de plus bafouée, mais alors qui peut-on croire et n’y a-t-il que des requins en ce bas monde? J’ai bien peur que oui…