J’ai suivi la soirée théma sur Arte consacrée aux produits de la mer. Plus précisément il s’agissait de présenter le bilan de la surpêche, de l’aquaculture, des dégâts écologiques, des conditions de travail des pêcheurs et le résultat des bilans de santé des poissons qui se retrouvent dans nos assiettes.
Programme peu réjouissant, mais indispensable pour informer les consommateurs que nous sommes.
Voici ce que je savais, mais qu’il était bon de se rappeler et ce que j’ai appris ou que j’avais inconsciemment occulté…
Sur le plan écologique :
- Les chalutiers qui ratissent les océans provoquent de vraies catastrophes écologiques.
- Il existe un vrai gâchis, car les poissons pris dans les filets, mais non « intéressants » productivement parlant sont rejetés morts dans l’océan alors qu’ils auraient été tout à fait consommables.
- Les poissons sauvages sont en voie de raréfaction. Les périodes de renouvellement ne sont pas respectées.
- Certaines espèces se retrouvent avec moins de prédateurs et prolifèrent. C’est le cas des méduses.
- Les élevages de poissons sont des désastres écologiques.
- Les contrôles de pêche d’espèce en voie de disparition ne sont pas efficaces.
- Les poissons protégés sont pris dans les filets de pêcheurs puis rejetés à la mer, morts ou blessés.
- Les contrôles sur la pêche au large ne sont pas efficaces et par conséquent, les normes ne sont pas respectées.
- La pêche illégale représente une partie des poissons que l’on retrouve dans nos magasins.
- On mange de plus en plus de poisson.
Sur le plan de la santé :
- Les poissons d’élevages sont nourris avec de la farine de poissons ou deviennent carrément végétariens, car nourris avec des céréales. Après la vache carnivore, voici le poisson végétarien !
- Les conditions d’élevage des crustacés ou des poissons sont déplorables : manque d’hygiène et mauvaise qualité de l’alimentation.
- Dans quasiment la totalité des poissons et des crustacés, on retrouve des traces de plusieurs produits chimiques, antibiotiques, métaux lourds et pesticides.
Sur le plan du respect des êtres humains :
- Les côtes des pays en développement sont pillées par les pays développés qui profitent du fait que les pays pauvres n’ont pas de quoi contrôler leurs côtes.
- Dans les pays en développement, il y a de la traite d’être humain. Les hommes sont réduits en esclavage sur les grands bateaux de pêche. Ils sont vendus, exploités puis tués quand ils ne peuvent plus travailler.
- Les décortiqueurs de crevette en Asie ou en Afrique sont exploités. Et les enfants travaillent dans ces exploitations au lieu d’aller à l’école.
Sur le plan du respect des animaux :
- Il a été démontré scientifiquement que les poissons ont la capacité de ressentir la douleur. Les poissons qui sont pris dans les filets subissent une décompression trop rapide à leur sortie et l’eau, ils suffoquent et sont écrasés sous le poids des autres poissons, puis ils sont éventrés et éviscérés. Tout cela en plus de 20 minutes, pendant lesquelles les poissons souffrent, car ils sont encore vivants. En gros, ont leur fait subir des choses que nous n’oserions jamais faire subir aux animaux d’élevage terrestres.
Pour en savoir plus et surtout pour voir ça de vos yeux, je vous conseille vivement de regarder ce reportage :
http://playtv.fr/replay/422405/surpeche-la-fin-du-poisson-a-foison/07-01-2014/
Ce qui m’a surtout frappé c’est le fait qu’il semble ne pas y avoir de solution. À aucun moment le reportage ne nous dit quoi faire ou quoi penser. C’est toujours du « oui… mais… ». Il est difficile de prendre une quelconque position.
En effet, je suis évidemment révoltée par ce désastre écologique, encore plus par le traitement fait aux hommes et aux animaux et que dire du fait qu’ en mangeant on s’empoisonne à petit feu… Mais malgré tout cela, je suis un mammifère omnivore qui en plus de cela apprécie particulièrement le goût du poisson et des crustacés. Et malheureusement je ne vis pas au bord de la mer pour pouvoir consommer une pêche locale, fraiche et raisonnable. Je vais donc continuer à consommer du poisson issu de ces grandes industries.
Si les labels sont sensés nous aider, ils ne sont pas toujours fiables et sont trop nombreux pour s’y retrouver. De plus, ils ne sont pas majoritairement présents dans les rayons. Si vous prenez l’exemple des crevettes, il est devenu quasiment impossible de trouver une autre provenance que celle d’Asie ou d’Afrique. Si vous voulez des crevettes, c’est ça ou rien.
Aujourd’hui, on doit choisir entre respecter ses valeurs, ses convictions et manger ce que l’on veut. Nous sommes pris en otage par l’agro-alimentaire qui dicte ses règles.
Je ne veux tout de même pas conclure cet article sur cette note pessimiste. Rien n’est tout blanc, rien n’est tout noir. Il faut continuer à essayer de trouver des poissons issus d’une pêche raisonnée et sélectionner au mieux les provenances sans pour autant se culpabiliser lorsque l’on n’a pas pu faire autrement que de choisir des produits plus bas de gamme. Il faut continuer à consommer du poisson si l’on en a envie, mais se limiter à 2 à 3 fois par semaine pour ne pas trop ingérer de substances toxiques. En fait essayer de trouver des compromis.
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Bonjour,
Un bon résumé de cette soirée en effet. Qu’avez vous pensé de la 2e partie, plutôt consacrée aux solutions (pour une fois)?
Pour continuer à manger du (bon) poisson éco-responsable, j’ai créé une gamme de produits Food4Good, distribuée en magasins bio, et je vous engage à faire un petit tour sur notre site web et je serais interessé d’avoir votre sentiment. 😉
Très cordialement,
Thomas Canetti
Fondateur
Je n’ai pas trouvé plus de réponses dans le deuxième reportage. Justement j’ai trouvé que la voix off posait les bonnes questions, mais après dans le déroulé du reportage les réponses n’étaient pas claires ou contredites juste après…
Merci pour l’adresse de votre site, je vais aller voir ça avec intérêt.
Je trouvais que le reportage sur les poissons bio à Cannes, ou le circuit-fermé, étaient au moins une tentative de proposer des choses sans se contenter de dénoncer les mauvaises pratiques 😉
A bientôt
Thomas
Oui comme tu le dis, ce sont des tentatives. Et cela reste a petite échelle.
Ce n’est pas à la portée de tous, disons que c’est un début, mais un début tardif…
C’est comme pour les produits de ta marque, ils ont l’air tès bien mais ne sont distribués que dans les points de vente spécialisés bio. Comme beaucoup de consommateurs, j’achète dans les grandes surfaces, c’est là qu’ils devraient être proposés pour toucher le plus de monde et donner de bonnes habitudes.
Félicitations pour ta marque et bonne continuation!
J’ai vu ce reportage aussi, parmi d’autres tout aussi effrayants. La seule solution je trouve, c’est de boycotter le poisson. Peut-être un peu radical mais ils y a d’autres choses qui ont bon goût sans nous intoxiquer et détruire la nature. Si vous voulez quand même continuer à manger du poisson, le meilleur compromis est le poisson pêché à la ligne. Ca reste discutable, tant du point de vue santé qu’écologique mais c’est « le moins pire ».
Je suis d’accord sur les solutions qu’on tente d’apporter. Carrefour achète justement certain de ses poissons à des producteurs locaux en circuit fermé. Ceci est une première solution. Un autre serait de ne manger que des poissons qui soient élevés dans des parcs naturels, (lacs artificiels par exemple). En tant que professionnel dans l’alimentaire, je suis à titre personnel très pointilleux sur la sélection de mes produits.). L’important c’est que nous proposions des solutions. Avez-vous d’autres bonnes idées ?
Et malheureusement les choses ne vont faire que s’empirer…j’ai peur en pensant à ce que nos enfants auront dans leur assiette, en ce qui concerne le poisson, mais aussi tout le reste 🙁